Guillaume se sent discriminé après s’être vu refuser un appartement parce qu’il a deux enfants : est-ce légal ?


Trouver un nouvel appartement convenable peut être une épreuve difficile. C’est notamment le cas de Guillaume, père de famille, qui nous a contacté via le bouton orange Notify Us. On lui a refusé plusieurs étages, sous prétexte que ses enfants pouvaient être… bruyants.

Le temps presse pour Guillaume. Ce graphiste bruxellois de 39 ans recherche activement un nouvel appartement. La tâche est longue et fastidieuse, mais surtout frustrante pour ce père de deux enfants. “Nous rencontrons souvent des propriétaires qui ne veulent pas d’enfants dans leur logement parce qu’ils ont peur du bruit qu’ils peuvent causer”, a-t-il expliqué.

Guillaume venait de trouver l’appartement de ses rêves. “Ça correspondait vraiment parfaitement, c’était un duplex de 120m, trois chambres, assez abordable dans mes prix, je m’y voyais.” Mais malheureusement, cette propriété, une fois de plus, lui a glissé entre les doigts. L’agence immobilière lui dit que son propriétaire ne veut pas que des enfants vivent dans cet appartement. Un “coup dur” pour Guillaume “ne pas pouvoir avoir une seule chance de visiter cette propriété est très frustrant”, dit-il.

Pourtant, très motivé, ce père de famille estime avoir tout fait pour gagner, ne serait-ce que pour une visite. Guillaume a décidé d’écrire une lettre au propriétaire. Il parle de ses enfants “très calmes et bien éduqués, indépendants. Je veux absolument qu’ils lisent le plus possible, pas d’écrans à la maison, pas de jeux vidéos. Et je fais en sorte de stimuler leur créativité de manière sereine.” Selon le désir de tranquillité d’esprit du propriétaire, Guillaume précise dans sa lettre qu’il considère « la maison comme un lieu de repos et de calme. Là tu enlèves tes chaussures, ne cours pas, ne crie pas. autant qu’ils le souhaitent.” Il a ajouté qu ‘”il a compris que le bâtiment avait besoin de tranquillité d’esprit, et c’est exactement ce que je recherche également. Je peux donc m’engager à le garder là-bas.”

Malheureusement, ces efforts n’ont pas porté leurs fruits : « J’ai demandé à l’agence immobilière de m’envoyer au moins cette lettre, pour me donner l’opportunité de visiter l’appartement. Mais ils n’ont jamais voulu m’envoyer ma lettre et ma candidature au propriétaire. . En effet, l’agence a expliqué, de vive voix, que la propriétaire avait précisé qu’elle ne voulait pas d’enfants.

Guillaume a maintenant cédé. Il se dit désormais “frustré” et victime de discrimination : “Je n’ai pas l’impression d’avoir les mêmes chances que les autres”. Une réalité difficile à accepter pour le quartier bruxellois. Devant ce constat, Guillaume se demande “si le propriétaire a le droit de demander combien de personnes habiteront son logement. Est-ce légal ou pas ? Je n’ai pas réussi à le trouver”.

Il n’est pas le seul à subir ce type de traitement. Dans un groupe Facebook dont il fait partie, Guillaume a lu de nombreux témoignages de parents isolés. “Cela fait des mois que je cherche dans une agence, mon profil ne convient jamais. Seul avec un enfant qui travaille, un chien et aucun problème financier”, écrit un internaute.

Le principe d’interdiction d’une catégorie de personnes est une discrimination

Un flou juridique

Est-il légal de demander combien de personnes occuperont la propriété ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes tournés vers UNIA, l’institution publique indépendante qui lutte contre les discriminations et défend l’égalité des chances en Belgique. Pour son co-réalisateur francophone Patrick Charlier, “le principe d’interdiction d’une catégorie de personnes est une discrimination.”

Ces types de dossiers sont présentés assez régulièrement à l’UNIA. Ce dernier offre généralement un soutien juridique. Cependant, peu de personnes ainsi discriminées décident de poursuivre leurs actions. “Parce que les gens recherchent un logement, il est difficile d’engager ce processus”, a déclaré Patrick Charlier. C’est aussi l’avis de Guillaume, qui compte pourtant contacter UNIA : “Ce sont des démarches chronophages, avec deux enfants et ma recherche de logement, c’est ce que je veux dédier -salut…”

L’action en justice semble à beaucoup de gens une tâche difficile et compliquée. D’autant que la loi ne précise pas l’affiliation comme « critère protégé ». Nicolas Delmoitié, avocat spécialisé en droit immobilier, explique : « Il y a discrimination directe à partir du moment où vous refusez un locataire au motif qu’on le qualifie de protégé ou objectif. On parle de critères liés au sexe, à l’orientation sexuelle, à l’état . de santé, de handicap, et tous les critères liés à la nationalité, la couleur de la peau, la race supposée, l’origine ethnique, …”. Parmi ces nombreux critères n’est pas d’avoir ou non des enfants.

Selon Nicolas Delmoitié, le cas de Guillaume ne relève donc pas de la loi sur les discriminations. Mais “mais derrière ça, il faut voir s’il y a encore des critères de proportionnalité et qu’il n’y a pas d’abus de droit de la part des donateurs”. En d’autres termes, ce refus doit être motivé, et la tranquillité de l’immeuble ne doit plus être garantie, ce qui fait peser un risque sur la solvabilité du foyer. “Il s’agit d’une appréciation ‘casual’, qui justifie chaque cas, chaque litige, chaque situation faisant l’objet d’une analyse approfondie”, a souligné l’avocat.

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