Guerre en Ukraine : Avec les sanctions, l’économie russe a bondi il y a 15 ans

L’IIF souligne que les sanctions n’ont pas encore produit leur plein effet et que la situation pourrait encore s’aggraver si les pays européens parviennent à se passer du pétrole et du gaz russes.

L’Union européenne prévoit de réduire ses importations de pétrole de 90 % dans les mois à venir, mais reste fortement dépendante du gaz russe. L’annonce de cet embargo pétrolier européen n’a guère impressionné Moscou. “Il y a une demande. Nous avons des marchés alternatifs, où nous augmentons déjà les ventes”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

En fait, la Russie a déjà trouvé des acheteurs pour son pétrole, même si elle doit leur vendre son or noir au rabais. La hausse générale des prix du pétrole compense largement cette baisse.

Le vrai levier : le gaz

En revanche, des sanctions européennes contre le gaz feraient probablement très mal à la Russie, qui n’a pas autant de débouchés alternatifs que son pétrole. Mais les pays de l’Union européenne ne semblent pas disposés à franchir ce pas, en raison de l’effet boomerang que provoquerait un embargo gazier sur leur propre économie.

En attendant, les succulentes recettes de la vente des hydrocarbures permettent aux finances publiques russes de publier des résultats flatteurs et déconnectés de la réalité du tissu économique national. La guerre coûte cher à l’État russe. Mais en même temps, la guerre y a largement contribué, puisqu’elle a entraîné une hausse des prix du pétrole et du gaz, ses principales exportations.

Déséquilibre commercial

Cette providence inattendue a porté l’excédent de la balance commerciale du pays à des niveaux record : les recettes d’exportation augmentent, tandis que les importations s’effondrent. Ce déséquilibre provoque un renforcement de la valeur du rouble par rapport aux autres monnaies.

“Compte tenu du niveau des prix fixé par les décisions prises par l’Occident, nous n’avons subi aucune perte budgétaire”, a déclaré Sergueï Lavrov le 4 juin. “Au contraire, cette année, nous augmenterons considérablement les bénéfices d’exportation de nos ressources énergétiques.”

1 billion de roubles

Son collègue des finances a quantifié ce bénéfice : 1 milliard de roubles, soit 13,7 milliards d’euros. Ce revenu supplémentaire financera la guerre en Ukraine et augmentera les subventions pour les retraités et les familles.

Vladimir Poutine sait que son peuple s’inquiète de l’impact des sanctions occidentales. Il a tenté de rassurer en annonçant une hausse de 10 % des retraites, du Smic et des allocations familiales à partir de ce mois de juin. Ce qui a partiellement compensé l’inflation.

Objectif atteint?

L’Institute of International Finance s’interroge sur l’efficacité de ces sanctions. Si son objectif était de nuire à l’économie russe, “alors ces sanctions ont certainement un impact”, et celui-ci devrait augmenter, estime le vice-président exécutif de l’IIF, Clay Lowery. Mais il ajoute que l’expérience passée ne montre pas l’efficacité des sanctions pour changer de cap politique. En d’autres termes, l’IIF doute que les sanctions soient le bon outil pour pousser Vladimir Poutine à mettre fin à son agression contre l’Ukraine.

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