La directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala (à gauche), applaudit aux côtés du président de la conférence, Timur Suleimenov, après une séance de clôture d’une conférence ministérielle de l’OMC à Genève, le 17 juin 2022. FABRICE COFFRINI / AFP
Cinq jours d’intenses négociations pour un “ensemble de résultats” qualifié de “sans précédent” par la directrice de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala.
“Cela faisait longtemps que l’OMC n’avait pas obtenu autant de résultats multilatéraux. Les résultats montrent que l’OMC est en mesure de répondre aux besoins urgents de notre époque », a déclaré Ngozi Okonjo-Iweala aux chefs de délégation des 164 pays membres de l’organisation, vendredi 17 juin. Cependant, l’OMC n’a pas immédiatement publié les textes définitifs.
La conférence visait non seulement à remédier à l’insécurité alimentaire créée par la Russie, mais aussi à éliminer les subventions qui facilitent la pêche illégale et vident les océans, à lever temporairement les brevets qui protègent les vaccins anti-Covid ou encore à réformer le sien de l’OMC.
Mais lorsque la réunion a commencé dimanche, l’espoir de conclure sur toutes ces questions était mince, tant les différences entre les délégations restaient importantes. Mme Ngozi elle-même a placé la barre du succès avec l’adoption d’un ou deux textes.
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La ministérielle a duré près de trente-six heures de plus que prévu. C’est finalement vers 5 heures du matin (heure de Paris) que le directeur général a lâché le marteau qui marque l’adoption formelle des textes.
Le texte sur l’insécurité alimentaire était très attendu, bien qu’il ne s’agisse que d’une déclaration ministérielle. La guerre russe prive le monde de céréales et d’engrais, fait grimper les prix et menace de faim des millions de personnes dans le monde.
Le document adopté souligne l’importance de “ne pas imposer d’interdictions ou de restrictions à l’exportation” contraires aux règles de l’OMC. Il demande que toutes les mesures d’urgence introduites pour résoudre les problèmes de sécurité alimentaire, comme le gel des exportations, soient “temporaires, sélectives et transparentes” et soient notifiées à l’OMC.
Un deuxième texte protège les achats alimentaires du Programme alimentaire mondial des restrictions imposées par certains pays.
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Jusqu’à presque la dernière minute, l’accord sur la pêche est resté incertain, et bien que le texte s’efface par rapport aux ambitions initiales, Ngozi Okonjo-Iweala a cependant revendiqué le succès.
C’était l’un des dossiers clés de ce ministre. Les négociations sur la question ont commencé il y a plus de vingt ans et font partie des objectifs de développement durable des Nations Unies (ONU). Il s’agit notamment d’interdire certaines formes de subventions susceptibles d’encourager les prélèvements illégaux.
Pour aider les pays en développement, l’OMC souhaite créer un fonds d’assistance technique et de développement de ses capacités afin que ces pays puissent mettre en œuvre l’accord et aider leurs pêcheurs à passer à une pêche plus durable.
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Après deux ans et demi de lutte contre la pandémie de Covid-19, les États membres sont parvenus à s’entendre vendredi pour faciliter le commerce des produits médicaux nécessaires à la lutte contre les pandémies. Une question importante pour éviter que le commerce des ingrédients et des matériaux ne soit restreint au moment où ils sont le plus nécessaires.
La levée temporaire des brevets protégeant les vaccins anti-Covid-19 pour les pays en développement a également été adoptée. Cette question fait l’objet d’âpres combats entre le lobby pharmaceutique, les pays en développement et de nombreuses ONG. L’idée est de faciliter la production de sérum.
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Les États membres ont également renouvelé le moratoire sur les transactions électroniques, malgré la réticence de l’Inde et de l’Afrique du Sud à regretter d’avoir échappé au potentiel douanier de ces échanges.
Les cinq jours d’intenses négociations ont été marqués par l’intransigeance indienne sur un certain nombre de points, dont les subventions contribuant à la surpêche. Le ministre indien du Commerce, Piyush Goyal, s’est décrit comme un obstacle pour de nombreuses délégations, affirmant que son pays “n’interférait en rien” sauf un “consensus”.
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Le monde avec l’AFP